Si vous atterrissez sur ce site, c’est que la pratique du yoga vous intéresse ! Et probablement que votre curiosité vous pousse à mieux la comprendre. Que vous soyez pratiquant.ee, ou pas (encore), je suis ravie de vous éclairer aujourd’hui sur le yoga fonctionnel, une approche qui révolutionne la pratique du yoga !
Voici ce que nous allons aborder dans cet article :
– Introduction sur le développement de la pratique du yoga (un peu d’histoire).
– Pourquoi le yoga fonctionnel s’est développé, sous quelles influences, dans quel cadre.
– Ce qu’est le yoga fonctionnel et pourquoi cette approche révolutionne la pratique du yoga !
Le développement de la pratique : du yoga postural moderne au yoga fonctionnel
Le yoga est une discipline qui s’est beaucoup transformée au fil du temps. Elle a vu émerger de nombreux styles différents qu’on peut qualifier de méthodes, au sein de ce qu’on appelle aujourd’hui le yoga postural moderne. Le yoga fonctionnel semble être l’une des approches du yoga posturale la plus récente, mais aussi la moins codifiée.
Les fondements du yoga reposent sur des préceptes aux inspirations hindouistes (et donc plurielles). La pratique posturale moderne du yoga s’est quant à elle construite sous l’influence de diverses disciplines physiques. On retrouve les arts martiaux, mais aussi la gym suédoise et le culturisme. Dans son livre ‘Aux origines du yoga postural moderne’, Mark Singleton nous apprend qu’on retrouve des postures de yoga dans la gym suédoise et ceci avant sa rencontre avec le yoga.
Un peu d’histoire du yoga
C’est dans une recherche d’indépendance face à la colonisation et de renforcement des corps des populations que la pratique du yoga posturale moderne s’est développée en Inde, avant d’arriver en occident à la fin du 19e et au début du 20e. Sa dimension thérapeutique se déploie également sous l’influence de Krishnamacharya et d’un de ses disciples, créateur d’une méthode qui porte son nom, et très portée sur l’alignement : Iyengar.
Avant ce développement moderne, le yoga était plutôt l’apanage de yogin alternatifs qui vivaient en marge de la société. Leurs pratiques se situaient au croisement entre des exercices contorsionnistes et une recherche de transcendance (s’inspirant de techniques ésotériques parfois obscures).
Photo : Krishnamacharya, père du yoga moderne
Depuis son occidentalisation, le yoga n’a cessé de se réinventer, influencé par des Gurus d’Inde et des méthodes d’adeptes venus de l’ouest, au carrefour entre deux mouvements : celui du développement d’un corps beau (fitness, santé, minceur,…) et celui du développement de soi (recherche de sens, d’harmonie…). C’est peut-être ce désir de SENS que le yoga semble promettre de combler et qui lui donne aujourd’hui autant d’intérêt.
Avant l’arrivée du yoga fonctionnel : une pluralité de forme de yoga postural
Si merveilleuses qu’elles peuvent paraitre les pratiques classiques du yoga apportent, comme toute pratique par ailleurs, quelques inconvénients. Bien sûr, leurs bienfaits sur le corps et l’esprit (notamment le sommeil, la gestion du stress…) sont bien souvent supérieurs à leurs inconvénients. Mais lorsque la pratique est trop intense ou que les mêmes mouvements sont trop souvent répétés, cela peut être très exigeant pour nos corps.
Prenons l’exemple de styles de yoga très courants dans les studios ou en ligne et très plébiscités . A savoir : le Vinyasa et l’Ashtanga.
Peut-être est-ce un biais de ma part, mais toutes les personnes que j’ai pu croiser sur ma route et qui enseignent le yoga fonctionnel viennent de ces pratiques.
Le yoga Vinyasa : c’est quoi ? Quels intérêts ? Que peut-on lui reprocher ?
Il s’agit d’un yoga dynamique, fluide, créatif et esthétique, qui consiste en un enchainement de postures de yoga. On parle souvent de flow, avec un échauffement. Le flow est composé de salutations au soleil (ou de variations) qui mène généralement à une ‘peak pose’, une posture finale parfois complexe. L’intensité peut varier selon les enseignants et les niveaux proposés. Elle varie aussi en fonction de la façon dont l’élève optimise son énergie (expérience de la pratique, options choisies, respiration…).
Ce qu’on aime dans le vinyasa :
On ne s’ennuie pas, les cours ne se ressemblent jamais et traduisent généralement la personnalité et l’expérience de l’enseignant. Les postures sont harmonieuses (il faut souvent quelques mois/années de pratique avant d’avoir l’impression d’une quelconque harmonie, soyons honnête). Les séances sont guidées sur fond de musique et offrent à la fois un moyen de se dépenser mais aussi de profiter d’un vrai moment pour soi. Parfois assez physique, on ressort souvent régénéré, plein d’endorphines.
Ce qu’on peut reprocher au vinyasa :
Il peut nous épuiser si la séance n’était pas adaptée à notre niveau d’énergie ou proposait des postures sans progressivité et/ou options.
L’échauffement est parfois peu ou pas ciblé selon les postures préparées. On retrouve généralement beaucoup de posture d’étirement et peu de renforcement. Certains muscles ne sont pas mobilisés, ou pas assez (ce qui n’empêche pas les courbatures surtout au début de la pratique).
Ashtanga : c’est quoi ? Quels intérêts ? Que peut-on lui reprocher ?
C’est un style de yoga dynamique et intense, qui consiste en un enchainement de postures selon une série précise. L’ordre des postures est toujours la même.
Il existe 3 séries. Il faut maitriser parfaitement la 1ere série (et donc toutes les postures de cette 1ere série) pour passer à la deuxième.
Ce qu’on aime :
C’est physique, le corps se renforce et s’assouplit. Une fois que tu maitrises la série, c’est un peu comme une salutation au soleil. Plus besoin de réfléchir, tu entres dans un flow, qui peut s’accompagner d’une sensation de transe.
Ce qu’on peut lui reprocher :
C’est frustrant d’être dans l’impossibilité de ne pas pouvoir découvrir d’autres asanas (postures) lorsque tu ne maitrises pas les première ! Ce n’est pas vraiment un yoga inclusif car il est rare d’avoir un corps apte à entrer dans toutes les postures avancées (comme le pont, le lotus ou le handstand…). C’est une méthode intense et très exigeante pour le corps, qui sollicite beaucoup les épaules et les genoux. Il y a un risque de blessure à force de répétition des mêmes mouvements. Pour ma part, j’ai eu le droit à 2 tendinopathies. Le fameux yogi butt (l’attache des ischio jambiers) et l’épaule (coiffe des rotateurs + biceps, ce dernier n’étant pas renforcé au yoga).
D’autres formes de yoga
Bien sûr, il y a aussi le Hatha yoga, dans lequel les postures sont tenues longtemps de façon statique. C’est un yoga intéressant, plus lent, calme, introspectif, plus accessible donc. Souvent teinté d’ésotérisme, mais moins ludique et évidement moins actif. Ce n’est pas le yoga préféré des jeunes cadres dynamiques, comme on les appelle encore.
Il existe une multitude d’autres yoga, j’en aborde certains dans mon livre ‘Le yoga des émotions‘.
Notamment de nombreux yoga dynamiques :
Le power yoga, le warrior yoga, le hot yoga, ou encore l’aerial yoga,… qui s’inspirent tous du Vinyasa. Pour rappel le Vinyasa a été créé au début du XXe siècle par Krishnamacharya). Ou encore le yin et le restauratif, qui ont également de nombreuses vertus. Ces deux derniers nous intéressent moins dans le cadre de cet article. En effet, ils reposent essentiellement sur une recherche de relaxation via la passivité des muscles du corps.
Alors, d’où vient le yoga fonctionnel, comment apparait-il dans ce paysage hétéroclite de la pratique du yoga ?
Le yoga fonctionnel, plus complet que les autres pratiques de yoga moderne ?
Ce qu’on observe au premier abord dans les différentes pratiques du yoga, c’est un certain manque de renforcement du corps de façon équilibrée. Par exemple, les biceps et les ischios jambiers sont bien souvent assez faibles chez les pratiquants de yoga classique. Cela m’a personnellement valu une tendinite pour chacun de ses muscles. Alors que je n’en avais jamais eu avant – et que j’ai toujours fait du sport).
On étire beaucoup mais on ne renforce pas tous les muscles, ou pas suffisamment. Or un étirement trop intense, trop répété, sur des muscles déjà faibles et bien ça peut vite épuiser nos tendons… D’où le fameux yogi butt !
Plusieurs choses peuvent expliquer l’apparition du yoga fonctionnel :
- le développement du yoga et du nombre de pratiquants : + de recul sur la discipline et ses effets,
- la professionnalisation des enseignants et l’augmentation de formations complémentaires,
- l’essor de la mobilité fonctionnelle et la prise en compte des spécificités corporelles de tous.
Le développement du yoga et du nombre de pratiquants
Le yoga et le nombre de pratiquants explose depuis plusieurs années. C’est aujourd’hui une grande industrie et nous avons davantage de recul sur la pratique, sur les blessures, notamment les tendinites.
Je tiens à préciser que sans abus et lorsque nous portons notre attention sur l’écoute de notre corps, le yoga classique n’est pas dangereux. C’est lorsqu’on insiste un peu trop sur certaines articulations, qu’on ne prend pas en compte d’éventuelles faiblesses et que nous n’adaptons pas notre pratique que nous pouvons voir apparaitre des blessures et/ou ne pas bénéficier des effets positifs (qui sont nombreux, rappelons-le) de la pratique du yoga.
La professionnalisation des enseignant.e.s du yoga
Il est vrai qu’il y a encore beaucoup d’abus, des formations de mauvaise qualité, des professeurs qui ne cherchent pas à améliorer leur enseignement ou qui parfois frôlent les dérives ésotéristes, voir manquent cruellement de bienveillance… Mais, passons.
Le métier, bien qu’il ne soit pas – encore – reconnu par l’Etat, se professionnalise. Il devient ainsi plus sécuritaire pour les corps et pour la santé mentale de tous et de toutes. On peut d’ailleurs noter, en Belgique et en Suisse, la prise en charge par certaines mutuelles (et cela arrive en France) des séances de yogathérapie.
De nombreux professionnels de santé tels que les kiné ou les ostéo se forment également et apportent leurs connaissances du corps humain, leurs méthodes et leurs exercices (qui inspirent grandement le yoga fonctionnel).
Ce que je veux dire par là c’est qu’aujourd’hui les enseignants sont de plus en plus formés à l’anatomie, à la physiologie et ont une bien meilleure compréhension du corps (s’ils prennent la peine de compléter leur 200hr par des formations complémentaires). Il devient alors plus évident de proposer des cours plus adaptés aux corps de chacun (sans pour autant cesser de proposer des séances de Vinyasa ou d’Ashtanga), qui préparent le corps, le renforcent et limitent le risque de blessures.
L’essor de la mobilité fonctionnelle
Le monde du ‘mouvement’ évolue lui aussi et nous observons le déploiement d’autres pratiques qu’on pourrait qualifier de ‘mouvement intelligent’ qui s’inspirent d’une approche biomécanique du corps.
D’Ido Portal, véritable guru de la ‘movement culture‘, au Kinésithérapeute et prof en thérapie manuelle Major mouvement, en passant par des comptes instagram comme celui de fightingmonkey_practice, on dispose aujourd’hui de nombreuses pistes pour bouger autrement, se remettre en mouvement et gagner en mobilité, c’est-à-dire en amplitude articulaire.
Le point commun entre ces pratiques ludiques ?
Isoler les articulations et les groupes musculaires pour les mobiliser de façon adaptée au corps selon sa mobilité et ses capacités du moment.
Les promesses ?
Une meilleure santé du corps et des articulations, une meilleure amplitude articulaire, plus de force, de proprioception…
Leurs influences ?
Les arts martiaux, des exercices de pilates, de kiné, d’équilibre, de coordination, de force, d’explosivité…
Bref, un programme complet visant l’obtention d’un vocabulaire corporel varié, sans s’épuiser. Mais bien sur, cela demande une pratique régulière.
Alors, le yoga fonctionnel, qu’est-ce que c’est ?
On pourrait dire que c’est un yoga thérapeutique (du corps), plus intelligent, plus accessible et plus durable.
C’est une approche du yoga qui s’inspire de la mobilité fonctionnelle afin d’isoler les articulations, de les mobiliser. On pourrait aussi dire ‘de les activer’, en fonction de ses propres capacités mais aussi selon les postures préparées au cours de la séance.
Le fait de générer de la force dans toutes les amplitudes de mouvements permet d’acquérir une plus grande mobilité. Cela permet notamment de gagner en souplesse plus facilement et de façon plus ‘saine’ qu’avec de simples exercices d’étirement).
Quelques exemples :
Pour une séance autour de postures sur les mains ou les bras :
Tu peux envisager des exercices spécifiques de renforcement et d’ouverture des épaules, et de mobilité des poignets.
Pour travailler le grand écart latéral (Hanumanasana) :
Tu feras des exercices de renforcement des ischios-jambiers et de mobilité des hanches.
Et si tu souhaites porter ton attention autour de la santé du dos ou des extensions arrière :
Il sera intéressant de renforcer les muscles du dos et de la sangle abdominale et de travailler la mobilité de la colonne vertébrale.
Ce qu’on aime dans le yoga fonctionnel :
C’est une approche très variée, au potentiel d’exploration infini et qui s’intègre avec merveille dans une pratique posturale de yoga plus globale comme le Vinyasa.
Le yoga fonctionnel est également plus durable (pour le corps), plus varié, et plus adaptable.
Ce qu’on peut lui reprocher :
Le yoga fonctionnel nécessite une bonne connaissance des muscles, des articulations et du fonctionnement biomécanique du corps. Il demande aussi plus de préparation pour proposer des cours cohérents, progressifs, avec des alternatives et l’usage de matériel (briques, sangles…).
Malgré la créativité des mouvements, les répétitions visant le renforcement des muscles et des articulations demandent une certaine volonté. Mais aussi de la patience et de la régularité.
Mais ne serait-ce pas des qualités que nous cherchons à développer sur notre tapis de yoga ? 🙂
Mon conseil, à partir de ma propre expérience :
Explorer le yoga fonctionnel en parallèle d’une pratique plus classique comme le Vinyasa et l’Ashtanga afin de mobiliser son corps de façon plus harmonieuse. Ceci sans perdre l’essence du yoga, tout en faisant l’expérience d’un corps durablement plus fort et plus mobile.
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